Norbert Pagé : » Du spirituel dans l’Art « …
Les entrailles de la Terre, 90×90 cm, 2007
Si le cœur de l’Art est enfermé dans l’écrin orphique d’une boîte de couleurs et d’un esprit sensualiste transformant l’instinctif indicible en pleine conscience matiériste afin de lui conférer son pouvoir de » sorcellerie invocatoire » ; alors ce cœur bat assurément dans la poitrine de Norbert Pagé, calé sereinement sur les oscillations des entrailles de la terre et le balancement charnel des nues…
Lorsque le peintre libère l’organe vibratoire tout en ouvrant son œil interne au magma flamboyant de l’aube du cosmos, il inspire de tout son être le souffle de l’Univers pour l’expirer ensuite sur un morceau de toile immaculé qui en conservera à jamais l’empreinte, tel un suaire reliquaire. Sillonnant les states de la conscience humaine, son geste extatique se parfume de lyrisme, brosse, déracine, griffe, trace et distance…le Temps. Ce geste explore en jouissant du consentement de chaque poussière minérale, chaque bribe organique car sans sursis elles le reconnaissent immédiatement comme parcelle immanente d’elles-mêmes. L’est-il réellement ? Nul doute ! Dans le sillage d’heures absinthes par l’étreinte de la matière picturale sans s’apercevoir qu’il peint, ses outils l’invitent à s’approprier les vertus voluptueuses du matériau capricieux dans un instant d’Eternité éphémère qui arbore le visage du présent le plus puriste ; celui qui mène l’âme vers la vacuité, vers le vortex des sens ; celui qui, loin du prosaïsme, conduit vers l’Idéal…
Ici, la poésie grise les esprits qui l’approchent et canalise le flux des éléments, chavirant comme un bateau ivre sur des tonalités moirées de silence et de rayonnement lissé de souffre rutilant, aux égards de tracés liquoreux, dissolvant toute rumeur profane de surface pour offrir un caractère sacré à l’Esthétisme.
Contemplations peintes, les œuvres de Norbert Pagé portent la pupille à dilater l’illusoire et à appréhender la lumière gnostique de l’existence …
» Du spirituel dans l’art ! » aurait probablement songé Kandinsky jadis en observant ce peintre aguerri au profil de paysagiste abstrait qui sait si bien dévêtir afin de mieux figurer et parfaitement saisir le sens méditatif des correspondances entre toutes choses…
Virginie Gauthier, novembre 2007