Regardez-le. Tout en lui affirme sérénité, maîtrise de soi, écoute de l’autre. La voix est douce qui semble acquiescer et comprendre. A le surprendre – courant toujours d’un pas feutré – il donne le sentiment d’être le maître d’oeuvre aux chantiers multiples, allant des uns aux autres, soit pour allumer un incendie, soit pour tenter d’éteindre ceux qu’il ne cesse de provoquer.
Ne vous fiez pas à l’apparence. Elle est trompeuse. Norbert Pagé est agent double. Sous son allure de pasteur anglican couvent le Vésuve et le Stromboli.
Pagé le peintre désintègre la réalité de l’apparence et découvre la réalité de l’absolu. Il démasque le réel et ,masque tombé, l’Histoire commence. Elle est celle du Commencement, celle du Bing-Bang originel, celle de mondes qui naissent et meurent simultanément dans le perpétuel engendrement du cosmos.
Tout ici est désintégration. Tout ici est éclat. Tout ici est fureur. Fureur de la couleur qui fustige, s’insurge, inonde l’espace. Fureur d’une souffrance trop longtemps contenue qui soudain s’abandonne. Fureur du doute et par delà fureur imprescriptible de l’Affirmation. Laquelle? A chaque subjectivité de la découvrir.
Je sais que ce jaillissement remet en cause tous les ordres établis. Et c’est en quoi elle est « au-delà du bien et du mal ». Elle relève d’un état d’urgence. Celui de l’incendiaire qui de son propre feu se consume.
Je vous le disais bien. Ne vous fiez jamais à l’apparence. Et qui plus est à celle d’un pasteur anglican. C’est la plus redoutable…
Guy Suarès